Mis à jour le 20 janvier 2024
Encore appelé « banc de l’œuvre », dans les églises, le banc des marguilliers est souvent adossé au bas-côté et donne dans la nef, en face de la chaire. C’était la place réservée aux membres du conseil formé de laïcs – les marguilliers – lesquels, avec le curé, administraient les biens de la paroisse. L’œuvre et la chaire se font donc face, séparées des fidèles répartis dans la nef.
Sur les photographies de la nef de la collégiale Saint-Piat de Seclin prises avant la guerre de 1914-1918, c’est à peine si l’on distingue la présence de ce banc entre deux colonnes qui fait face à l’ancienne chaire. À quoi ressemblait-il ? Comme cette dernière, ainsi que l’orgue et sa tribune, il disparut dans les décombres de l’édifice lors du dynamitage d’octobre 1918.
En matière de goût esthétique, le Chanoine Alexandre LOCQUET, curé-doyen de Seclin de l’époque, semble avoir été audacieux. C’est ainsi qu’après la reconstruction de la collégiale, le mobilier fut reconstitué dans un style qui rompait avec ceux présents dans la collégiale. Sur les propositions du chanoine, après commande passée en 1934, la Grande Fabrique de Meubles Jules Degorre à Somain réalisa la chaire, la tribune, le buffet d’orgue et le banc des marguilliers. Pour ce dernier, en 1933, le Chanoine Locquet précise ce qu’il envisage : « un banc d’œuvre assez monumental […] plus élevé dans sa partie dorsale, et celle-ci dominée par une grande croix qui comporterait le Christ échappé à la chute du calvaire […] étant donné que le calvaire ne peut être reconstitué entre le portail et l’escalier d’accès à la salle de la tour. »
Comme la chaire, de nos jours, le banc est inutilisé. Il est relégué contre le mur du bas-côté nord, entre les baies des vitraux des stations 3 et 4 du Chemin de Croix.
Ce meuble est constitué d’une rangée de cinq sièges à haut dossier et avec agenouilloir. Le triangle qui réunit les dossiers des sièges, est surmonté d’une grande croix sur laquelle est cloué le Christ agonisant.
Cinq bas-reliefs décorent la façade du meuble, une sculpture par siège. Ils illustrent quelques-uns des instruments de la Passion du Christ. De gauche à droite :
– une coupe recueille le sang qui jaillit du flanc transpercé par la lance du centurion Longinus ;
– une éponge, fixée sur une branche d’hysope, avec laquelle du vinaigre fut offert en réconfort au Crucifié ;
– la couronne d’épines placée en guise de dérision sur la tête du Roi des Juifs ;
– des tenailles, un marteau et les trois clous de la crucifixion ;
– les trois dés utilisés par les soldats romains pour tirer au sort les vêtements du Christ.
Remarque : dans cette dernière sculpture, on peut noter la particularité du dé situé au-dessus des deux autres. En effet, les trois points de la marque ne sont pas alignés en diagonale ; ils forment un triangle isocèle.
Philippe Bacqueville