L’orgue


Mis à jour le 12 janvier 2023

Vendredi 2 juin 2006, un nouvel orgue est installé dans la collégiale. En cet après-midi, au cours d’une cérémonie, il est béni par Mgr Gérard DEFOIS, archevêque-évêque de Lille. Il est ensuite inauguré par Madame Sophie-Véronique CAUCHEFER-CHOPLIN, concertiste internationale, titulaire des grandes orgues Cavaillé-Coll de l’église Saint-Sulpice à Paris. L’assistance garde le souvenir de ce récital grandiose et merveilleux, qui a comblé de bonheur les amateurs de musique d’orgue depuis si longtemps peinés et frustrés de l’absence d’un tel instrument dans la collégiale.

L’orgue qui le précède est celui détruit en 1917. Mais l’existence d’autres plus anciens est attestée dans les archives. Les comptes de l’obédiencerie de la collégiale gardent la trace des paiements effectués au titre des réparations et de l’entretien ou de la rétribution des musiciens. Le plus loin dans le temps où l’on puisse remonter nous conduit au tout début du XVème siècle.

Ainsi, pour l’exercice 1401-1402, Pierre MAUROIT est payé 26 sous pour des travaux de maçonnerie sur le mur où les orghes sieent. (Archives Départementales du Nord – ADN 17 G 244)

En 1413-1414, JACQUEMART, de Hulluch, perçoit 4 sous pour des travaux de ferronnerie sur les soufflets de l’orgue. La même année, MARTIN, d’Allennes, reçoit 6 livres parisis pour avoir juer as orghes. (mêmes références)

L’année suivante, le même MARTIN est indemnisé de 6 sous pour être allé à Laventies pour trouver un maistre à refaire les orghes. (mêmes références)

À la fin du XVIème siècle, 1597-1598, les chanoines de Saint-Piat chargent Jean MOREL d’acheter de nouvelles orgues. (ADN 17 G 263)

L’existence d’un instrument est confirmée au XVIIème siècle : Par son testament, daté du 20 décembre 1679, Jean YSERBY, prêtre, originaire de Seclin et l’un des grands vicaires de la cathédrale de Tournai, léguait à la collégiale une somme de 60 florins pour réparer les orgues. (Chanoine Th. Leuridan, in Histoire de Seclin, tome I, Desclée De Brouwer et Cie, Lille, 1929, page 377)

En 1731, une somme égale est allouée au sieur MULIÉ, organiste, en vue de nouveaux travaux : MM. du Chapitre, sur la représentation de Me MULIÉ, organiste, ont résolu de faire raccommoder les orgues et de lui donner cinquante florins, et s’il ne veut point raccommoder à moins, on lui donnera soixante florins. (Registre et actes capitulaires de la collégiale Saint-Piat de Seclin – ADN 17 G 65) À cette époque, l’orgue est probablement installé dans un jubé qui sépare le chœur de la nef.

En 1739, l’orgue quitte le chœur et gagne la nef : on le transporte au-dessus du grand portail dans une tribune construite à cet effet. Moyennant la somme de 50 florins de Flandre, Jean-François FREMAT, facteur d’orgue à Douai, est chargé de ce transfert et de s’assurer que l’instrument soit complet et en bon état de marche. (Convention du 14 avril 1739, Tabellion Lille 2 E 3 7074) Mais déjà alors, l’instrument laissait beaucoup à désirer. (Chanoine Th. LEURIDAN, ouvrage cité) Aussi les chanoines, soucieux de leur réputation d’entretenir une assez jolie musique (Jacques THIROUX, in Histoire de Lille et de sa châtellenie, Prévost, 1730, page 279), décident de le remplacer.

Le 16 février 1750, le chapitre charge les chanoines Pierre-François CHATILLON et Henry-Joseph MULLIER de contracter avec les facteurs d’orgue Jean-Baptiste FREMAT et Philippe-Joseph CARLIER de Lille, d’une part, et avec Pierre DELERUE, maître menuisier à Seclin, d’autre part. Les deux conventions sont signées le 7 mars 1750 chez Me Pierre-Charles-Robert HEROGUER, notaire royal à Seclin. Les facteurs d’orgue recevront 2 600 florins de Flandre en deux paiements : 1 000 florins le jour où le positif sera achevé, le reste à la fin des travaux. Pierre DELERUE touchera 700 florins en une fois après réalisation du buffet : boiseries et sculptures, de bois de Hollande. (ADN Tabellion Lille 2 E 3 7085)

Selon le chanoine Th. LEURIDAN, une inscription, inspirée des paroles en latin du Psaume 150, placée au bas de la tribune attestait que l’orgue avait été achevé deux ans plus tard : Laudate Dominum in chordis et organo – 1752. Ce qui peut se traduire : Louez le Seigneur avec les cordes et avec l’orgue.

La période révolutionnaire épargne l’instrument de 1752 au motif qu’il sert aux fêtes publiques nationales et décadaires. La loi du 2 nivôse an 5 (22 décembre 1796) donne aux directoires exécutifs le droit de disposer de tout mobilier national inutile au service public, et d’en faire la vente. Néanmoins, peuvent être conservés les orgues qui par leur travail et leur perfection méritaient de l’être. Par ailleurs, une décision du ministère des Finances du 28 pluviôse an 7 (16 février 1799) prévoit que les orgues peuvent servir aux célébrations décadaires. L’administration du département du Nord, par une circulaire du 3 germinal an 7 (23 mars 1799), entreprend de recenser les orgues existants. Le 27 floréal an 7 (16 mai 1799), la Municipalité de Seclin répond qu’il n’existe dans notre arrondissement qu’un jeu d’orgue, qui se trouve placé au temple décadaire de Seclin, chef-lieu de canton, et qui est encore assez passable ; son seul usage est destiné aux fêtes publiques nationales et décadaires. L’orgue échappe ainsi à la destruction, mais il n’est pas entretenu.

En 1810, le 28 octobre, les fabriciens de la paroisse Saint-Piat passent une convention avec le facteur d’orgue lillois Louis-Joseph LEVASSEUR ; pour la somme de 360 francs, ce dernier se chargera de raccommoder la soufflerie, nettoyer, raccommoder et faire parler tous les tuyaux, remplacer ceux qui manquent, redresser ceux de la montre qui sont bossués, de faire une tirasse pour une pédale de 12 touches, de remettre, en un mot, les orgues dans un état qu’elles ne laissent rien à désirer. (Registre aux délibérations de MM. les fabriciens de l’église curiale de Seclin)

À cette occasion, un nouvel organiste, dont les obligations sont clairement définies, est nommé. Il s’agit de Pierre-Augustin-Joseph SAILLY. Ce Seclinois est un ancien chapelain de Saint-Piat, qui a quitté la vie sacerdotale à la Révolution. Il est le fils de Jacques-Joseph-Boniface SAILLY, lequel a assisté Pierre DELERUE dans la réalisation du buffet de l’orgue en 1750. Le nouvel organiste touche 150 francs par an, payables par trimestre à compter du 1er janvier 1811, à charge pour lui de se conformer au règlement édicté, et de payer son souffleur. (Registre aux délibérations de MM. les fabriciens de l’église curiale de Seclin)

Au décès de Pierre-Augustin-Joseph SAILLY en 1829, le poste d’organiste échoit au Seclinois Charles-Augustin-Joseph OLIVIER, professeur de musique.

De 1833 à 1835, l’orgue se tait à la suite des travaux exécutés sans précautions sur le plafond de l’église, lesquels précipitent des débris et des ordures dans tous les tuyaux et jusque dans la soufflerie. Pour la somme de 625 francs, le facteur d’orgue de Douai, François-Joseph CARLIER, réalise les travaux qu’il a décrits dans son devis du 15 décembre 1833. La liste qu’il établit, décrit le très mauvais état de l’orgue :

Cet orgue a besoin d’être démonté entièrement pour parvenir facilement aux réparations nécessaires et pour être nettoyé.
Tous les tuyaux de tous les jeux seront déplacés pour être nettoyés, réparés et réembouchés.
Toute la partie mécanique entièrement a besoin des mêmes opérations.
La soufflerie sera visitée soigneusement et toutes les pertes de vent seront bien étanchées.
Les jeux de Trompette, Clairon, Cromorne et Voix Humaine seront réanchés à cause de la mauvaise disposition qu’ont leurs languettes. Plusieurs tuyaux manquent et plusieurs sont sans anches ni languettes. Ces tuyaux seront refournis ainsi que tout ce qui peut manquer ailleurs.
Les tuyaux de façade seront aussi nettoyés et leur poli, rendu autant que le permettra leur ancienneté.
Le clavier de pédale a été très mal fait et très mal disposé de sorte qu’il n’a jamais bien marché et qu’il va d’autant plus mal qu’il est usé. Il en serait refourni un autre neuf ainsi que toute sa partie mécanique.
Après toutes ces opérations, les tuyaux seront replacés chantant chacun dans le caractère d’harmonie qui lui est propre, et l’orgue sera accordé parfaitement.
(ADN O 559 56)


Quittance est délivrée à François-Joseph CARLIER à l’issue des travaux, le 30 juillet 1835. (ADN O 559 56)

En 1844, le facteur douaisien revient à la collégiale où il remédie à l’état déplorable du soufflet.

En 1852, la Municipalité vote enfin une contribution de 1 000 francs pour une réparation à hauteur de 1 200 francs, refusée quatre ans auparavant. (Registre aux délibérations de MM. les fabriciens)

En 1877, à l’occasion de la restauration de l’intérieur de la collégiale, le souhait d’un orgue et d’un buffet nouveaux est exprimé, et une souscription est ouverte. C’est dans cet esprit que les facteurs Aristide CAVAILLÉ-COLL en 1878, et les tournaisiens DELMOTTE en 1878, 1882, 1886 et 1895, établissent plusieurs devis. Mais le projet échoue par suite de la défection du principal donateur qui affecte ses 32 000 francs à une destination charitable. (Rolant SERVAIS, in Les facteurs d’orgues Delmotte, cent ans d’activités en Tournaisis révélées par leurs archives (1821-1920), 1986)

En 1896, Florentin DEFIVES, compositeur et professeur de musique demeurant rue des Wetz (actuelle rue Jean Jaurès) à Seclin, devient le nouvel organiste. Pendant la guerre de 1914-1918, il doit partager l’orgue avec les musiciens des troupes allemandes d’occupation. Il est le dernier titulaire à jouer sur l’orgue de 1752, restauré plusieurs fois. En mai 1917, les Allemands en démontent les tuyaux pour récupérer l’étain (environ une tonne). Le coup de grâce est donné à l’instrument et à son buffet quand les Allemands dynamitent la collégiale en octobre 1918 au moment de leur départ.

Après la Première Guerre mondiale, les dommages de guerre permettent la reconstruction. C’est ainsi qu’un nouveau buffet d’orgue est installé en 1935 sur la tribune, construit par la Grande Fabrique de Meubles Jules DEGORRE de Somain. Mais ce buffet demeure – encore à ce jour – vide de tout instrument. On en trouve l’explication dans les archives paroissiales qui conservent les nombreuses correspondances échangées entre Achille CABY, président de la société de reconstruction, d’une part, et d’autre part, les différents intervenants : facteurs d’orgue, ministère de l’éducation nationale, services des Beaux-Arts, architectes, ingénieurs…Un premier courrier, daté du 3 avril 1930, est une simple prise de contact avec les facteurs DELMOTTE de Tournai, ville où Achille CABY a été déporté pendant la Première Guerre mondiale.

Après un appel d’offres, la décision est prise de traiter avec le moins disant : la Manufacture de Grandes Orgues Auguste CONVERS à Paris, par adjudication du 6 juin 1936.

La composition de l’instrument commandé est la suivante :

Grand orgue (56 notes) : Montre 8’, Flûte harmonique 8’, Bourdon 8’, Bourdon 16’,
Prestant 4’, Plein-jeu 4 rangs, Cromorne 8’

Positif (56 notes) : Cor de nuit 8’, Salicional 8’, Flûte douce 4’, Nasard 2 2/3, Flageolet 2’, Tierce 1 3/5

Récit expressif (56 notes) : Flûte traversière 8’, Viole de gambe 8’, Voix céleste 8’,
Flûte 4’, Cymbale 4 rangs, Octavin 2’, Bombarde 16’, Trompette 8’, Basson hautbois 8’, Clairon 4’

Pédale (32 notes) : Contrebasse 16’, Soubasse 16’, Bombarde 16’, Trompette 8’, Clairon 4’, Flûte 8’, Bourdon 8’, Flûte 4’

Cependant l’affaire du nouvel orgue traîne en longueur : retard dans le déblocage des crédits ; incompréhension entre le manufacturier, l’ingénieur acousticien, la coopérative de reconstruction et le clergé local ; méfiance de la Municipalité à l’égard du projet rendu plus complexe par l’interférence de l’autre projet – non municipal – de réaliser un carillon de 42 cloches en remplacement du précédent qui n’en comportait que 8. Or, les crédits pour la reconstruction, établis sur la base des prix de 1914, et donc sous-évalués par suite de l’inflation continue de l’époque, ne tiennent pas compte du nouveau carillon.

De 1937 à 1939, de nombreuses correspondances sont échangées avec les services ministériels. Il en ressort que la reconstruction de cet orgue est très mal engagée, d’autant que l’architecte a consacré plus de la moitié des crédits y alloués, à la confection du buffet.

Survient la Seconde Guerre mondiale. La Manufacture de Grandes Orgues Auguste CONVERS cesse toute activité en 1940. Le projet de nouvel orgue tombe à l’eau.

Après la guerre, les quelques lettres de relance auprès des services ministériels en charge du problème n’obtiennent que des réponses dilatoires, quand elles en reçoivent une.

Ainsi donc, quand survient la guerre, seul le buffet est en place, celui-là même que l’on voit aujourd’hui, vide. Une brève description en est faite par Jean-Paul THOREZ, in À la découverte des trésors de la collégiale Saint-Piat, Seclin, 2004, page 50 : Ce meuble n’est guère beau, vide qu’il est des tuyaux qui devaient le remplir. On remarquera néanmoins, haut placés sur des tours ajourées, deux grands anges musiciens, et sur d’autres tours vides, David et sa harpe, sainte Cécile et son orgue. Plus bas, la tribune est, elle aussi, incomplète, mais comporte six panneaux sculptés. On observe, de gauche à droite, accompagnés d’une inscription en latin tirée du Psaume 150 :
– une trompette : Sono tubae
– une harpe : in psalterio
– une cithare : in cithera
-un tambourin : in tympano
– une lyre : in chordis
– un cymbalum : in cymbalis

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La collégiale Saint-Piat espère toujours que de nouvelles grandes orgues soient installées dans le buffet de la tribune. En attendant cet heureux événement, il convient de profiter de l’orgue de chœur installé en juin 2006.

Cet orgue est arrivé dans la collégiale grâce à la volonté du Père Jean-Luc GARIN, qui a été soutenu très concrètement par quelque 160 donateurs, lesquels ont répondu à la souscription lancée pour couvrir le coût d’installation, sans oublier le mécénat de la banque Crédit Agricole de Seclin. Jean-Luc GARIN, lui-même organiste et ancien élève de Sophie-Véronique CAUCHEFER-CHOPLIN, reconnaît dans son discours du 2 juin 2006, l’importance de l’accompagnement de Jean-Marie COIGNION et de Roger MILLE qui, dit-il, l’ont soutenu dans cette aventure et dans la prise de décision.

Le Père Jean-Luc GARIN, dans sa conclusion, souligne l’importance de l’orgue dans la collégiale Saint-Piat ; importance dans le passé, mais surtout importance de nos jours. En moyenne chaque année, il y a près de 200 offices avec la participation de l’orgue. Certes, un grand orgue serait souhaitable dans cet édifice historique… Quoi qu’il en soit, l’orgue de chœur accompagne désormais les joies et les peines des Seclinois.

Plus encore, l’orgue est prétexte à concerts en solo ou accompagné d’autres instruments, voire de voix humaines. Les médias s’en font l’écho, et par là-même, contribuent au renom de la collégiale.

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Après son discours, le Père Jean-Luc GARIN présente Sophie-Véronique CAUCHEFER-CHOPLIN qui offre le récital de la soirée : titulaire des grandes orgues de l’église Saint-Sulpice à Paris, premier prix d’orgue, premier prix d’improvisation au conservatoire supérieur de musique de Paris, première femme à recevoir un prix d’improvisation au concours international d’orgue de Chartres, en tournée dans les quatre coins du monde. Sa réputation l’amène à donner des classes de maître en interprétation et improvisation tant en France qu’à l’étranger.

Le programme du récital de la soirée du 2 juin 2006 est le suivant. Dans l’ordre :

Denis BÉDARD (1950) : Suite du premier ton
4 mouvements : Plein-jeu, Dialogue sur la trompette et le cornet, Récit, Grand jeu.

Jean-Sébastien BACH (1685-1750) : Fantaisie en sol majeur BWV 572
3 mouvements : Vivement, Gravement, Lentement.

Joseph RHEINBERGER (1839-1901) : Introduction et Passacaille (Sonate n° 8).

Gabriel PIERNÉ (1863-1937) : Prélude en sol majeur (extrait des Trois pièces pour Grand Orgue Op. 29 n° 1).

Denis BÉDARD (1950) : Suite pour orgue
3 mouvements : Prélude, Lamento, Toccata.

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Après ce concert, pour que le plus grand nombre puisse venir faire connaissance avec le nouvel instrument, deux autres concerts sont programmés.

Le 16 juin 2006, le concert “Chœur, soprano, instruments et orgue” voit aussi la participation de la chorale “Les Choryphées”. Valérie Poivre, médaille d’or en chant au Conservatoire de Lille, dirige le chœur. L’orgue est tenu par le Père Jean-Luc Garin.

Le 24 juin 2006, Pierre-Richard Deshays, titulaire des grandes orgues de l’église Saint-Pierre-Saint-Paul à Lille, fait découvrir les multiples facettes et possibilités de l’orgue de la collégiale Saint-Piat.

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Une information pour terminer (provisoirement) :

En décembre 2018, l’Association a reçu un courriel d’une universitaire américaine, en quête de renseignements sur l’histoire des orgues à Saint-Piat entre le XVème et le XVIIIème siècles. Elle est professeur de musicologie et chercheuse dans ce domaine. À l’occasion de ses recherches en Europe, elle a visité notre collégiale avant les travaux.

Il lui a été transmis les documents suivants :
– un relevé des sources et des cotes de documents conservé aux Archives départementales du Nord, et les textes correspondants ;
– un article rédigé par M. DELAHAYE, historien de l’orgue, dans lequel il retrace l’histoire des orgues de la collégiale Saint-Piat, du XVème siècle à la Seconde Guerre mondiale.

Il a été ajouté l’article dans lequel l’organiste titulaire de l’orgue de Saint-Piat, Jean-Claude CLÉMENT, parle avec chaleur et enthousiasme de l’instrument installé en 2006.

Dans son courriel de remerciement, cette universitaire ajoute qu’elle espère revenir à Seclin après la parution de son livre fin 2019 ou 2020 et qu’il y aura un concert à Saint-Piat avec chants et l’orgue de chœur.

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Dans le Bulletin de l’Association pour la sauvegarde de la collégiale, n° 4, année 2007, l’organiste Jean-Claude CLÉMENT, se fait le chantre de l’orgue de chœur :

Construit en 1993 par le maître facteur d’orgues Bernard COGEZ dans son atelier de Tourcoing. Il était destiné à l’église Saint-Vincent de Paul à Roubaix. [Cette église devait être démolie.]

Or, la collégiale de Seclin n’avait plus depuis longtemps [89 ans !] un instrument qui lui fut digne. La Commission d’Art sacré du Diocèse proposa cet orgue à tuyaux à la paroisse Saint-Piat. Pour elle et son curé, et lui-même organiste, ce fut une belle opportunité.

L’instrument mesure 4,50 mètres de hauteur et pèse environ une tonne. Sur deux claviers (positif et grand orgue) de 56 notes et un pédalier de 30 notes (do-fa), sont répartis neuf jeux et sept cents tuyaux, le tout étant posé sur un ponton à roues qui lui permettent d’être déplacé en cas de besoin. Son buffet, à la fois simple et élégant, est couronné d’un fronton à la grecque.

Son tempérament est néo-classique, à l’imitation des orgues du 18e siècle, c’est-à-dire « brillant » dans ses sonorités comme s’il s’agissait de souffles de lumière. Par ailleurs, lors de son remontage à la collégiale, on a ajouté à l’orgue la trompette 8’, le cornet de 3 rangs, et le plein-jeu, ainsi qu’une tirasse Positif/Grand Orgue. De plus, l’orgue a été ré-harmonisé, afin que le son remplisse la collégiale, plus grande que l’église où il se trouvait auparavant.

Pour comprendre ses sonorités différentes et agréables à la fois, il faut découvrir le rôle des tirants de jeux ou registres. Il y en a neuf sur notre instrument, de chaque côté des claviers :

– au Grand Orgue (clavier du bas) : Montre 8’, Prestant 4’, Doublette 2’ et Plein-jeu

– au Positif (clavier du haut) : Bourdon 8’, Flûte 4’, Cornet 3 rangs, Trompette 8’

– au pédalier : Soubasse 16’.

Devant le pédalier, on peut apercevoir des cuillères. Elles sont appelées tirasses et servent à accoupler les claviers et le pédalier entre eux.

Par le très grand nombre de ses jeux et par leur mélange, l’orgue peut exprimer la joie, la tristesse, la mélancolie, la colère, le recueillement ainsi que bien d’autres sentiments.

Philippe Bacqueville