Le carillon


Mis à jour le 15 novembre 2023

1297. Par un édit du 5 octobre le roi de France Philippe IV Le Bel ordonne la restitution à la collégiale de Seclin de tout ce qui lui a été enlevé durant le pillage de la ville par ses troupes. Les cloches (campanas) y sont citées. (acte en latin transcrit par Buzelin in Gallo-Flandria 1624). C’est la première mention de cloches à Seclin que nous avons trouvée. Il est peu probable que les cloches emportées aient pu être rendues, et ce n’était pas sans doute la préoccupation première des chanoines. La guerre vient de faire rage entre le roi et son vassal le comte de Flandre. Lille, assiégée pendant plus de deux mois, a capitulé le 29 août, il faut faire repartir l’économie et à Seclin, la priorité devait être alors de remettre en route le pèlerinage auprès de saint Piat.

Four à cloche
(Photo Ville Seclin)

À partir du XVème siècle la collégiale est dotée d’une tour-porche qui devait contenir le premier carillon puisque ont été mis à jour, à proximité, par les archéologues de Seclin, «  un four et plusieurs fragments de moules utilisés par les saintiers ou fondeurs de cloches. »1 Trois ouvriers fondeurs sont inscrits dans les comptes du chapitre en 1402-1403.

En 1402, les chanoines envoient un ouvrier à Bruges pour y acheter du métal et y faire couler des cloches pour la collégiale. Il faut attendre 1494-1495 pour qu’un « batteleur » et son clavier apparaissent dans les comptes de l’église. »2 Nous n’avons pas d’information sur ce premier ( ? ) carillon, mais le texte du 31 décembre 1526 cité plus loin nous indique que la sonnerie de cloches réglait déjà la vie des Seclinois..

La tour, détruite, fut remplacée par un clocher attenant à l’église dans lequel fut installé jusqu’à la Révolution un carillon de 9 cloches qu’un « cloqueman » pouvait actionner.

De celui-ci subsistent 4 cloches dont trois sont conservées dans l’église. L’une datée de 1596, haute de 28cm, sur laquelle on lit : « faicte à Douai », elle sonne le si bémol.  Placée à l’entrée de la sacristie, elle est actionnée pour annoncer le début des célébrations ; deux autres, installées dans le chœur, sont frappées par un servant d’autel, au moyen d’un maillet de bois, lors de l’élévation pendant les Eucharisties. Sur la première (note do) on peut lire : «Omnis spiritus laudet Dominum 1596 » que l’on peut traduire par : «Que tout ce qui respire loue le Seigneur ». Sur la seconde (note si bémol) : « Subvenias famulis sancte Piate tuis 1597 » soit : «Saint Piat viens en aide à tes serviteurs ». Une dernière cloche de ce carillon se trouve au musée campanaire de la ville d’Apolda (Allemagne), offerte par la Ville lors du jumelage avec Seclin. Elle porte la mention : «Faicte à Douai l’an 1596 ».

27 mars 1606 Un ouragan renverse le clocher de la collégiale
«Un ouragan si violent et furieux… qu’on ne vit jamais de si grand désastre…on ne croïoit autrement que c’était la fin du monde, on ne savait où se sauver, l’on crïoit partout Miséricorde.» (Manuscrit 636 Bibliothèque Municipale de Lille cité par Leuridan dans Histoire de Seclin tome III –Documents)

Les chanoines furent autorisés le 10 mai à contracter un emprunt de 3000 florins pour restaurer l’église.
Il est possible que les cloches du carillon aient été endommagées dans ce désastre, mais ce n’était qu’un épisode douloureux de leur existence car Seclin, située sur un carrefour de routes entre Lille, Arras et Tournai voyait souvent passer des troupes qui ravageaient, pillaient et brûlaient. Le clocher servait souvent de tour de guet ; sur autorisation du chapitre, on y montait la garde et il fallait parfois réparer les dégâts commis…

La langue des cloches

Elles étaient autrefois le seul moyen de communiquer une nouvelle à toute la population. Elles rythmaient les heures pour les villageois qui n’avaient bien évidemment ni montres ni horloges dans les travaux des champs. Elles appelaient par 3 séries de 3 tintements suivis d’une pleine volée, à réciter l’Angélus, prière à Marie qui se dit le matin, (autrefois à 6h, aujourd’hui à 8h), le midi, et le soir à 18h pour commémorer l’annonce de l’ange à la Vierge Marie , mais rythmaient ainsi le début et la fin des travaux du jour et la pause du déjeuner. Tout le monde connaît le célèbre tableau de Jean-François Millet qui représente deux paysans répondant à l’appel et se recueillant près de leur récolte. L’Angélus n’est plus sonné à Seclin mais on peut encore l’entendre dans les villages environnants comme Houplin ou Noyelles.

Elles appelaient les chanoines aux offices religieux, au cours de la journée, pour les mâtines, laudes , vêpres, complies et messes ; ainsi que les fidèles aux célébrations paroissiales car le transept nord de la collégiale servait d’église paroissiale.

Elles avaient un langage propre : c’étaient des volées de cloches pour les évènements heureux, – la cloche oscille et le battant en frappe l’intérieur -, mais aussi des temps de silence pendant le carême… (Tous les enfants se souviennent encore aujourd’hui du « retour des cloches » annonciateur d’une distribution de friandises, pendant le Gloria de la messe de Pâques, …)

(Voir en fin d’article une démonstration de volée de cloches à Seclin, chaque cloche à son tour puis l’ensemble appelé plenum)

Les cloches servaient pour appeler à l’entraide lors des incendies ou des dangers. C’était le tocsin, environ 60 coups par minute, qui donnait l’alerte. Le tocsin fut encore sonné en août 1914 pour annoncer la mobilisation générale des hommes pour aller défendre la Patrie.

Elles tintaient encore pour annoncer une agonie ou une mort. La cloche dite du pardon accompagnait le prêtre lorsqu’il portait le Saint Viatique (derniers sacrements) à un mourant. À Seclin les documents relevés par l’abbé Leuridan révèlent que le curé Jean-François Gossart avait demandé le 16 juin 1699 une autorisation des chanoines à sonner une petite cloche de la collégiale pour appeler les porteurs de flambeaux qui l’accompagnaient sur sa route, et pour avertir ceux qui ne peuvent venir de prier pour les malades. Il demande de sonner 9 coups de pardon. Le contenu de cette requête fut accordé en chapitre le 19 juin.

Les cloches appelaient enfin à la cérémonie des funérailles par le glas. – tintement c’est-à-dire : frappe sur l’extérieur de la cloche, au rythme lent et sur une seule note -, encore usité de nos jours pour les funérailles et lors des commémorations des soldats morts pour la France.

Les annales de Seclin conservent un texte du 11 décembre 1789 (relevé par le chanoine Leuridan dans Histoire de Seclin T. III) qui règle le cérémonial des funérailles d’un chanoine : « un quart d’heure avant qu’on ne sonne son trépas, on sonnera de volée la cloche du chapitre* et on tintera alternativement les trois plus grosses cloches. Le glas durera tout le quart d’heure, après lequel on sonnera le trépas avec les quatre grosses cloches pendant une demi-heure. On répètera ce même glas et la volée de la cloche du chapitre pendant l’enterrement du corps.»

*La cloche du chapitre est celle qui annonçait les assemblées capitulaires, les élections des doyens et leur mort. 

Un autre texte du 4 juillet 1777 réglait le cérémonial de réception de l’évêque : «Son arrivée sera annoncée la veille par le son de toutes les cloches pendant une heure. Le clergé de la collégiale, le lendemain à l’heure indiquée, se rendra processionnellement à la barrière de la rue de Lille, où le plus digne du chœur présentera à baiser à S.A. les reliques de saint Piat. Le son de toutes les cloches annoncera pour lors l’entrée de Mgr qu’on conduira processionnellement à l’église…/…Mgr ayant fini de donner la confirmation sera conduit à la prévôté processionnellement et dans l’ordre que dessus au son de toutes les cloches. (2e registre capitulaire Archives du Nord)

Personne ne se plaignait à l’époque du bruit des cloches. Il est vrai que sans elles la ville eut été bien silencieuse ! Le carillon orchestrait la fête et ses promesses de réjouissances. Il avertissait des dangers et accompagnait toute existence.

En 1794, la tour du carillon servit de relais pour la première ligne du télégraphe Chappe qui annonça le 1er septembre à la Convention la reprise de Condé-sur-l’Escaut par les Français. Plus besoin de cloches désormais pour les communications à distance.

Les cloches auxiliaires de police

Une ordonnance commune du Magistrat de la Ville et du Chapitre de la collégiale du 31 décembre 1526 avait réglé la sonnerie de la cloche dite du Vigneron (Th. Leuridan T. III ) :
« Pour obvier à plusieurs insolences, divisions et perditions de jeunes gens et autrement qui se commettent de nuit et hors d’heure, y remédier par bonne police de justice tant contre les hostes, tenans et habituez … » ; cette sonnerie enjoignait de quitter tavernes et cabarets et de rentrer chez soi. Il était interdit aux tenanciers de débits de boissons, après cette sonnerie, de servir quiconque sous peine d’amendes et même d’emprisonnement pour les transgresseurs. La sonnerie durait une demi-heure à partir de huit heures du soir l’hiver et de neuf heures et demie l’été.

Tout ce qui précède montre l’importance des cloches comme moyen de communication. Elles informaient et rassemblaient toute une population.

Mais la matière même des cloches : l’airain ou bronze, alliage de cuivre et d’étain, était un butin de valeur que convoitaient les armées. Celles de Seclin en firent les frais plusieurs fois pour fondre des monnaies ou des canons. Elles furent ainsi encore enlevées et fondues à la Révolution.

Le 23 avril 1824 la ville passa commande pour remplacer les cloches perdues.
Les trois nouvelles cloches, livrées en août, étaient, selon la description qu’en fait le chanoine Leuridan dans Histoire de Seclin tome 1 en 1929, Desclée de Brouwer éditeurs, « parsemées de fleurs de lys, portant un écu représentant une cloche avec la légende, Appollre Caullier, fondeur. (Il s’agit en fait de monsieur Constant-Appollinaire CAVILLIER fondeur de cloches à Amiens (1789-1864) comme le précise M. Philippe Bacqueville, membre du Conseil d’administration de notre association, dans « La vie musicale à Seclin aux XIXème et XXème siècles » publié en 2015 par la Société Historique de Seclin, après consultation de l’ordonnancement rédigé par M. Claeys, maire de la ville).

La facture s’élève à 6 986,65 francs (document O 955-55 des Archives départementales du Nord). Elle sera réglée au fondeur sur les budgets communaux de 1825 et 1826. Il est précisé que le sieur Cavillier a récupéré, pour la refondre, une ancienne cloche de 1 403 kg, et une petite cloche cassée dont les valeurs sont déduites du montant total. Mais d’où provenaient ces deux cloches à refondre ? Ce sera le mystère du carillon ! Avis à qui voudra l’élucider….

Sur les trois nouvelles cloches étaient gravées, en latin, les inscriptions suivantes :

  • En juillet 1824 j’ai été bénite par M. J-Bte Minet, doyen curé de la ville de Seclin, et nommée Jésus par M. Henri Joseph Claeys, maire de cette ville et dame Catherine Collette-Dillies. Je pèse 1585 k.
  • En juillet 1824, sous l’administration de M.Claeys, maire de la ville de Seclin, j’ai été bénite par M. J-Bte Minet doyen et nommée Marie par M.Florent-Xavier-Joseph Collette adjoint à la mairie et notaire royal à Seclin, et Mlle Elise-Stéphanie-Scholastique-Marie-Joseph Louy

(Cette cloche pesait 1168 kg d’après une notice rédigée en 1925 par M. Pruvot aumônier de l’hospice de Seclin)

  • En juillet 1824, sous l’administration de M. Claeys, maire de la ville de Seclin, j’ai été bénite par M. J.Bte Minet, doyen curé de cette ville et nommée Joseph par M. J.B. Carré-Lalou, adjoint à la mairie de Seclin et Mme Sophie-Marie Quecq, épouse de M. Claeys, maire de cette ville. Je pèse 752k »

À l’occasion de leur baptême, un poème intitulé « Les cloches de Seclin », composé par Edouard-Laurent Gachet*, né et décédé à Lille, 1797-1845, frère de Louis Eugène entrepreneur de filature au château des Boulets à Seclin, fut mis en chanson. Imprimés à Lille par L. Lefort, imprimeur du roi, les six couplets se chantaient sur l’air de « T’en souviens-tu ? » de Joseph-Denis Doche, 1766-1825, air très populaire alors en France et en Wallonie,

Voici quelques vers du poème :
« Au son bruyant de trois cloches nouvelles,
J’entends des chants, j’entends des vœux s’unir
Soyez heureux ! Ah ! Jamais puissent-elles
Ne vous laisser un amer souvenir ! »

*Edouard-Laurent Gachet, est l’oncle de Paul-Ferdinand Gachet, fils du filateur précité, médecin, artiste, collectionneur d’art, connu pour avoir accueilli et soigné à Auvers-sur-Oise Vincent Van Gogh qui réalisa son célèbre portrait.

Nouvelle perte de cloches en 1917

« Le batteleur et son clavier »  mentionnés dans les comptes de 1494-1495, nous indiquent que nos cloches ont dû avoir, à certaines époques, une fonction musicale. Cependant, d’après la notice descriptive rédigée en 1925 par M. Pruvot, précité, il semble qu’il n’y avait plus alors de clavier. « L’horloge annonçait l’heure sur une grosse cloche, les demies sur une plus petite, et à chaque quart d’heure on entendait un joli carillon composé de 5 petites cloches. » .Deux ritournelles de ce carillon sont restées dans les mémoires : C’étaient « J’ai du bon tabac dans ma tabatière », comptine populaire attribuée à Gabriel-Charles de Lattaignant 1697-1779 ; et: « La soupe aux choux se fait dans la marmite.. » autre air populaire dont l’auteur est inconnu.

« Ces cloches furent enlevées et brisées par les Allemands le 18 mai 1917. Les petites cloches furent laissées parce qu’elles portaient des dates anciennes. C’étaient : le dindin, qui fut replacé au haut de l’église en avril 1921 et qui servait à annoncer les offices et les cloches de la sacristie et du chœur. Deux autres petites cloches furent enlevées par des pillards au milieu des ruines du clocher en 1918 ».

Car en octobre 1918 les Allemands dynamitèrent le clocher qui s’écroula en emportant une partie de la façade et de la nef de l’édifice. Une fermeture provisoire fut alors installée au niveau du transept et sur les photos de l’église vers 1920 on aperçoit un petit clocheton de bois qui abritait probablement la cloche appelant aux offices. (Photos consultables sur le site https://www.pop.culture.gouv.fr/) .

Un carillon réputé !

Les dommages de guerre ne furent fixés qu’en 1927 ; on put enfin envisager la reconstruction. Dans les dommages de guerre la part des cloches et de l’horloge ressort à environ 130 000 francs. Comme pour le reste de l’édifice ce fut naturellement insuffisant. Le président de la coopérative de reconstruction, M. Achille Caby, et le chanoine Locquet, curé doyen de Seclin, se mobilisèrent pour que la ville rebâtisse maisons et église. Pour celle-ci, en fin d’année 1931 la maçonnerie est terminée. Depuis 1924, ils cherchent à qui s’adresser pour la fabrication d’un nouveau carillon et rencontrent Maurice Lannoy, carillonneur de Saint-Amand comme spécialiste de la question. Des contacts sont établis avec divers fondeurs français et étrangers. Ce sera finalement la fonderie anglaise Gillett & Johnston à Croydon près de Londres, réputée pour la justesse de ses cloches qui sera retenue, ce qui nous a valu de posséder le seul carillon anglais de France, harmonisé au diapason de Big Ben, la cloche du Parlement britannique !

Jean-Baptiste Mulier, maître carillonneur de la ville de Seclin (1912-1995) l’évoque en ces termes dans ses «Souvenirs » publiés en 1983 : «L’un des meilleurs d’Europe pour sa justesse et sa pureté, fondu en une seule coulée selon la méthode ancienne retrouvée par les Anglais, son étendue est de près de quatre octaves allant du do dièse au si suraigu. Il permet d’interpréter de la musique classique, populaire et moderne. C’est un instrument très sensible.»

La commande avait pu en être faite le 11 août 1932 et la réception à Croydon réalisée le 24 décembre 1932. Deux souscriptions avaient été lancées pour son financement. L’une auprès des personnalités et industriels de la ville, l’autre auprès de tous les Seclinois. Les 42 cloches pesant 7451 kg, arrivèrent à Seclin en janvier 1933 et furent entreposées dans la distillerie de M. Collette en attendant la fin des travaux du campanile car le clocher devait être rehaussé pour la circonstance.

Les cloches entreposées dans la distillerie de M. Collette

Quatre des nouvelles cloches furent baptisées le 7 mai 1933, elles se nomment : Piat, Éloi, Eubert, et Marie.

  • Piat, le bourdon, pèse 2085kg, son parrain fut M. George Collette, sa marraine : Mlle Irène Collette. Il porte pour inscription (les inscriptions sont en latin et sont ici traduites) : « Je remplace ma sœur, bénite en l’an 1824 et enlevée par les Allemands en 1917. Je fus consacrée en l’an du Seigneur 1932 par son Éminence le Cardinal Achille Liénart, Maître Alexandre Locquet étant recteur de cette église autrefois collégiale. Dédiée à Saint-Piat je sonne pour chanter les gloires de la Patrie et pleurer ses malheurs. »
  • Éloi, eut pour parrain et marraine M. Prosper Eeckman et Mme Eeckman-Dujardin son épouse. Elle porte entre autres pour inscription : « dédiée à saint Éloi, je pleure avec ceux qui pleurent, je me réjouis avec ceux qui sont dans la joie ». Elle pèse 860 kg. C’est la cloche ordinaire des enterrements et des mariages.
  • Eubert eut pour parrain M. Henri Delattre et pour marraine Mme Henri Duriez. Elle pèse 620 kg. Outre l’inscription : « je remplace ma sœur etc…précitée, complétée cette fois par : M. M. Robert Bouillet et Jean Vandamme étant vicaires, elle porte : «  Dédiée à saint Eubert j’appelle chaque jour les fidèles aux offices ».
  • Marie eut pour parrain M. Albert Boidin et pour marraine Mme veuve Auguste Boidin. C’est la cloche de l’Angélus qui porte fièrement : «Par mes tintements du matin, de midi et du soir je loue la Vierge ». Son poids est de 460kg.
  • Une cloche fixe porte le nom des principaux donateurs : «Ce carillon a été érigé par souscription publique. Y ont participé pour une somme d’au moins 3000 Frs : Mr. et Mme Albert COLLETTE, Mr. et Mme Gustave DURIEZ, Mr. et Mme Victor DUJARDIN, Mr. et Mme Georges DUJARDIN, Mr. et Mme Emile DESCLOQUEMANT, Mme veuve Arthur CLAEYS, La famille LECLERCQ, La famille DUHAYON, Mr. et Mme CAULIER, Mr. le docteur et Mme DEMAY, Mr. et Mme Maurice DURIEZ, Mr. et Mlle LEROY, Mr. J.Bpte CABY et sa sœur, Mlle Maria GROLEZ, Mr. et Mme THOUMIN, Mr. et Mme Charles DUFLOT-HUE.

Ont apporté leur collaboration : Inspecteur général des Monuments Historiques : Mr. E. RATTIER
Architecte en Chef : Mr. G. GUET
Président de la Coopérative de Reconstruction de Seclin : Mr. Achille CABY
Expert Carillonneur : Mr. Maurice LANNOY
Armes de la Ville de Seclin .1932»

Les 37 cloches restantes portent l’inscription du fondeur, les armoiries de la Ville de Seclin, et 1932 (relevé par Jean-Baptiste Mulier)

Voici la relation de l’évènement par « Le Grand Hebdomadaire Illustré » du 21 mai 1933 :

« La petite ville industrielle et agricole de Seclin était en fête dimanche dernier, à l’occasion de la bénédiction de ses cloches. Une foule, que l’on peut évaluer à plusieurs milliers de personnes, remplissait l’église St Piat, classée monument historique, et le chantier de reconstruction de la partie détruite, le chœur était décoré avec le plus grand goût, au milieu d’une profusion de fleurs, plantes vertes, bannières et bougies..

Les quatre cloches paroissiales étaient suspendues dans le fond de l’édifice. Drapées dans des robes de mousseline rouge, violette, verte et blanche, elles produisaient le plus gracieux effet. En arrière et de chaque côté de cette première rangée de cloches (religieuses) avaient été disposées leurs sœurs (civiles) appartenant au carillon communal, au nombre de 38 dont beaucoup sont d’assez belle taille. Elles n’avaient été enveloppées d’aucune tenture et portaient simplement la cocarde tricolore .Ces 42 cloches constituent un ensemble musical de trois octaves et demi pesant 7451 kg. Ce fut Mgr Jansoone, remplaçant le cardinal Lienart, empêché, qui procéda à la bénédiction solennelle des cloches. Le prélat était entouré de Mr le Vicaire Général Dewailly et de tout le clergé du décanat.

Après la bénédiction, Mr le Vicaire Général monta en chaire …Monseigneur Jansoone procéda ensuite aux cérémonies liturgiques tandis que la maîtrise de la paroisse chantait les psaumes de la circonstance avant de faire procéder par les parrains et marraines à la sonnerie rituelle des cloches….(Il)…tint à adresser quelques mots à l’assistance. Il témoigna de son admiration pour l’œuvre si importante qui avait été réalisée…Il remercia la population toute entière et félicita chaleureusement les parrains et marraines et personnalités diverses, pour le concours généreux, persévérant, et intelligent qu’ils avaient apporté à cette œuvre…(c’est nous qui soulignons )

Après la cérémonie religieuse une copieuse distribution de dragées et de souvenirs offerts par les parrains et marraines fut faite aux assistants. Ce fut le moment choisi pour donner une première audition de carillon. Comme aucun mécanisme ne pouvait être installé, quelques airs très simples furent exécutés par plusieurs membres de l’Union Musicale à la très vive satisfaction de la foule assemblée.

« On fait de ce carillon un très vif éloge. Il pourra, parait-il, revendiquer la gloire d’un des meilleurs carillons de France. Il permettra de jouer les airs les plus importants et pourra être touché par les meilleurs artistes de l’Art Campanaire. »

Les cloches furent hissées dans le clocher le 8 mai 1933. «Le travail dura environ 6 jours sous la direction de Mr. Down. De mai à juillet, construction de la charpente du beffroi et du chevalet pour les cloches, travaux exécutés par la maison P. Rouzé et A. Mouret, entrepreneurs à Lille. Du 8 mai au 21 septembre installation des cloches. En octobre et novembre installation du mécanisme par la maison Somers. En novembre les ateliers électroniques et la maison Brillié achèvent leurs travaux sur les mécanismes et l’horloge. 3

La photographie datée de 1933 a été prise avant la montée du bourdon dans le clocher. On reconnaît, deuxième à partir de la gauche, le chanoine Locquet, curé-doyen, coiffé de la barrette ; à l’arrière-plan, tête nue, Achille Caby, adjoint au maire, président de la coopérative de reconstruction.

L’Écho du Nord du 6 septembre1933 précise que la couverture de la nouvelle flèche ardoisée de 11,50m de haut vient d’être achevée…«Les deux charpentes ou beffrois des 42 cloches ont été montées cette semaine. Dans quelques jours la fonderie enverra ses hommes pour procéder à la suspension des cloches. Le premier beffroi se trouve dans la tour elle-même, (28 m.), à la hauteur des abat-son. Il servira à la suspension des quatre cloches d’église, qui pourront être sonnées en volée .Le deuxième beffroi est situé au-dessus, dans la flèche, en face des abat-son et supportera les 38 cloches fixes du carillon. La cabine du carillonneur et le mécanisme sont situés entre ces deux groupes de cloches, à la hauteur de l’horloge où l’on vient de percer les quatre trous des aiguilles des quatre cadrans. Du point de vue musical, les 4 cloches de volée constituent les basses des 38 cloches fixes et c’est une originale conception qui donne une grande valeur au carillon de Seclin. On attend avec impatience la première audition de ce beau carillon qui, de l’avis des connaisseurs, est d’une justesse parfaite ce qui, parait-il, est excessivement rare. » (relevé par Mme Larrouquère dans «Divers faits à Seclin 1871 à 1955 »)

Le 11 novembre (commémoration de l’Armistice) le premier concert est donné par Maurice Lannoy. Et Jean-Baptiste Mulier note que c’est sa première rencontre avec ce maître carillonneur

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Ce carillon comprend :

1) un carillon automatique qui sonne à l’heure et à chaque quart d’heure avec une ritournelle : à l’heure : Le P’tit Quinquin,
d’ Alexandre Desrousseaux, chansonnier patoisant à Lille, 1820-1892; au quart, le bon roi Dagobert, en mémoire de saint Eloi qui redécouvrit le tombeau de saint Piat ; à la demie,   Mandoline d’oiseau de Georges Carpentier, 1870-1939, chef de musique à Seclin; aux trois quarts, J’ai du bon tabac dans ma tabatière qui était déjà jouée par l’ancien carillon.

Actionné par un tambour cylindrique de 1,25m de diamètre, pesant 1975 kg, fabriqué par la maison Somers à Malines (Belgique) vers 1930, il est percé de 7200 trous carrés dans lesquels sont insérés des taquets qui, au passage, soulèvent 60 bascules frappant à leur tour sur l’extérieur des cloches. Le piquage des airs sur le tambour ainsi que l’harmonisation ont été réalisés par Jef Dhenyn directeur de l’école de carillon de Malines, avec la collaboration de Maurice Lannoy carillonneur de Saint-Amand-les-Eaux et celle de Georges Carpentier directeur de l’Union Musicale de Seclin. Un treuil muni d’un contrepoids fait actionner le cylindre.

Tambour des ritournelles du carillon

2) Un carillon à clavier et pédalier dit clavier Flamand ou « à coups de poing », comportant 41 manettes et 20 pédales, fabriqué lui aussi par la maison Somers de Malines (Belgique), d’un poids de 260kg, actionné par le carillonneur, qui en joue comme d’un orgue ou d’un piano, mais en frappant les  « touches » du côté de la main, ce qui nécessite la protection de gants spéciaux… Depuis 1961, M.Jean-Baptiste Mulier fut le carillonneur municipal de Seclin. Son fils Jean-Francis, membre du Conseil d’Administration de notre association, lui a succédé en 1967 jusque 2017.Très impliqués dans la Guilde des Carillonneurs de France, ils ont contribué tous deux à donner tout son lustre au carillon de Seclin et l’ont servi avec passion.

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12 avril 1936, jour de Pâques La première grand-messe solennelle est célébrée dans l’église entièrement rendue au culte. L’Écho du Nord du 16 en rend compte : « date historique a justement dit M. le chanoine Locquet, doyen de Seclin, qui fut, de longues années durant l’âme agissante et bienfaisante de l’œuvre de réédification de ce chef d’œuvre de l’art religieux. Elle marque la fin d’un long martyre ». On imagine que ce fut une fête amplement carillonnée !

Mais la guerre est de retour en 1939 !

17 décembre 1940, L’Écho du Nord s’émeut et alerte les autorités compétentes, les incitant à se préoccuper de l’état de l’église qui a besoin de travaux après avoir été touchée en mai par une torpille qui a ébranlé les 2 contreforts de la tour. Il précise que «le carillon qui a coûté plus de 600 000 francs il y a dix ans risque de disparaitre d’une heure à l’autre… »

En 1944, un groupe de Seclinois décident de sauver une partie du carillon pour le soustraire aux Allemands. « M.M. E. Carré, Ledru, C. Boisserolles démontent 29 cloches, M.M. Decherf, Podvin, Carré et Caby les cachent dans le hangar de M. Decherf, route d’Ennetières, elles sont enfouies à 1m de profondeur dans des tonneaux métalliques ». 4

31 décembre 1944 Le journal La Croix du Nord se réjouit de ce que l’on va remonter le carillon. Les 29 cloches démontées vont retrouver place dans le clocher.

1947 «  Après 7 ans de torpeur notre carillon est réveillé par un concert donné par M. Picavet carillonneur roubaisien. En août, le « la » de Seclin est prêté à Calais pour le 600ème anniversaire de l’acte de dévouement des Bourgeois de Calais, la ville ayant perdu sa propre cloche par faits de guerre » 5

13 juillet 1954 Nord Matin annonce pour le lendemain une bonne nouvelle qui réjouira les mélomanes : « Depuis un certain temps, les Seclinois n’entendaient plus les belles sonorités de notre magnifique carillon. Mais une belle surprise ! Nous avons su qu’un superbe concert serait joué sur nos cloches par M. Fortuné Gérard, ancien Seclinois, 1er prix du Conservatoire de Lille, ancien élève de l’Institut des aveugles de Ronchin avec le programme suivant : marche congolèse (Gilles), le temps des cerises, sonatine de Clément, rêverie de Schumann, la chanson des blés d’or, le petit chaperon rouge, marche turque de Mozart. »

Le carillon fête son trentième anniversaire le 29 mars 1961. Il est réputé, il reçoit des visiteurs.

Visites à Seclin de carillonneurs étrangers : MM. Mulier père et fils ont retenu les passages de Mr Percival PRICE carillonneur à Ottawa (Canada) et aux Etats Unis, auteur, compositeur, autorité mondiale en campanologie, en 1935 et 1974 ; Mr Arthur LYNDS BIGELOW, carillonneur à Louvain (Belgique) et Princeton (USA) en 1934 ; M. Gaston VANDENBERGH carillonneur à Malines (Belgique) en 1967. Ils ont bien sûr fait sonner notre carillon.

1971-1972 Le premier congrès des carillonneurs de France se tient à Tourcoing en 1971. La guilde des carillonneurs de France est officiellement constituée à Douai en 1972 sous la présidence de Jacques Lannoy carillonneur de la Ville. Jean-Baptiste Mulier carillonneur à Seclin en est le secrétaire.

1974 La Guilde réunie à Seclin reçoit de nombreux carillonneurs français et étrangers :6


Noms

Lieux où ils se produisent

Date de passage à Seclin
André RANFAINGSaint-Quentin1974
Milford MYHREDe Floride (USA) carillonneur at Bok Tower Gardens lake Wales1974 congrès de la Guilde
Franck PECHIN LAWDe Pennsylvanie (USA )carillonneur à Washington et Valley Forge« 
William de TURKCarillonneur du Michigan (USA)« 
Margo HALSTEDCarillonneuse de Californie (USA)« 
Todd FAIRDe Pennsylvanie (USA)« 
Laura MELLINKDe Rotterdam (Pays Bas)« 
Jacqueline GOGUETDe Paris
« auteure de : «Le carillon des origines à nos jours »
F.et K.HINLOPENDe Hilversum (Pays Bas)« 
Jacques LANNOYDouaiPrésident de la Guilde
Emile LANNOYLagny sur MarneFrère de Maurice
Auguste POTHIERHospices de Beaune (Côte d’Or)
Henri GARNIERDijon (Côte-d’Or)
Jean-Pierre CARMECastres (Tarn)
J.Louis VIGUIERN.D. de la Drèche Albi (Tarn)
Abbé Henry WOITELIERN.D. de Liesse à Liesse-Notre-Dame (Aisne)
Odette DOUTRIAUXHazebrouck
André COMBEBeffroi de l’Hôtel de Ville à Lyon
Martin A. GILMANNorwood Massachussets (USA)



Adalbert CARRIEREBergues, carillonneur depuis l’âge de 14 ans, décédé en 2012, grand oncle de Dany Boon et qui sera l’inspirateur du film « Bienvenue chez les Ch’tis »
Emile GILLOENSaint-Christophe à Tourcoing
Jean-Christophe MICHALLEKTourcoing et à Liège (Belgique)
Stephen F.L.VONBERGAnvers (Belgique)
Dr Karl WAACKHanovre (Allemagne)
Sœur Lore WARTENBERGHanovre (Allemagne) 
M.C.J. ENTHOVENLa Haye (Pays Bas)
Didier LANNOYDouai
Roger LANNOYSt Amand Les EauxPère de Jacques L.
Christian LANNOY« 
Laurent LANNOYDouai

Et Germaine ACREMANT de Neuilly-sur-Seine, l’auteure célèbre pour son roman « Ces dames au chapeau vert », accompagnée de son fils, artiste peintre et illustrateur, auteure également d’un ouvrage moins connu paru chez Plon en 1955 :  « Les Enchanteresses » dont l’un des personnages est bien le carillon !!! Un carillon qui joue « le P’tit Quinquin »  et « le bon roi Dagobert » en ritournelles et dont on croirait que le nôtre fut le modèle !

30 janvier 1978 La Voix du Nord titre en pleine page : Pour Seclin 1978 sera l’année du carillon

Cette année-là en effet, outre le congrès mondial du carillon à Amersfoort aux Pays Bas se déroule à Saint-Amand et Seclin le congrès national de la Guilde. Seclin recevra donc la visite de quelques-uns des plus prestigieux carillonneurs du monde les 7 et 8 août 1978.

« Une semaine avant que le congrès passe par Seclin, Jean-Francis Mulier artiste peintre et carillonneur comme son père, proposera au public, à l’atelier du bd Hentgès, une exposition qui s’annonce déjà comme remarquable. On y verra des documents et pièces intéressant l’instrument seclinois. C’est également au talent de Jean-Francis que le congrès devra sa plaquette programme distribuée dans toute la France. Les trente-quatre carillons à clavier traditionnel de France y seront énumérés. En silhouette Jean-Francis a dessiné tous ceux du Nord. L’affichette sera du même artiste : elle sera distribuée de par le monde, principalement en Amérique et aux Pays Bas car une dizaine d’Américains, des Hollandais etc…seront les hôtes de Seclin le 6 août. Les Français eux seront cinquante, tous titulaires de clavier. S’y ajouteront les étudiants en art campanaire. Parmi les visiteurs de marque se trouvera Pierre Paccard, le fondeur d’Annecy. Son père, Alfred Paccard, venu à Seclin en 1937 … était le fondeur mondialement connu… Il fut le premier fondeur a avoir refait des cloches de manière très juste. » Dans une lettre qu’il écrivit alors à Jean-Baptiste Mulier il note : « J’ai grandement apprécié votre talent et celui de votre fils. Vous avez un bon instrument et vous savez le faire valoir ».

« Jean-Baptiste Mulier est l’auteur de quelques pièces pour carillon : 
« L’âme des carillons » en est un bel exemple. Il a aussi signé un poème en patois à la gloire des « carillonneux ». Il a encore composé pour le carillon de Seclin des œuvres telles que : La vague, les paysans, …Son fils Jean-Francis a également composé pour le carillon : Les Gondoles à Venise et la balade des harengs par exemple…

À cette occasion, une clochette, gravée du nom de Seclin, fondue par Paccard , est mise en vente. Le produit de la vente sera versé à la Ligue contre le cancer par Mme Mulier, secrétaire de la Guilde.

1980 Le carillon participe à la « Journée nationale du carillon ».Plus de 500 personnes sont montées à la tour pour le voir et l’entendre.

1982 Un disque 33 tours « Carillon de Seclin » est gravé par les carillonneurs Jean-Baptiste et Jean-Francis Mulier.

1993 Pour ses soixante ans il réunit autour de lui en juillet un congrès de carillonneurs. Un grand concert d’orgues aquatiques est donné, M. Jacques Lannoy, maître carillonneur de Douai et Tourcoing, au clavier.

.2003 Pour ses 70 ans, le carillon ouvre le troisième congrès de la Guilde en présence de plusieurs grands carillonneurs, tels que Jacques Lannoy de Douai, Mark Knops de Malines, J.P. Vittot de Chambéry, René Dumont, vigneron et carillonneur à Champignol- lez-Mondeville (Aube), Nathalie Debienne de Saint-Amand-Les-Eaux.

Quelques interventions sur le carillon

« Lors de la remise en état de la tringlerie en septembre 1974, les carillonneurs Mulier, père et fils, ont délaissé les portées, clés, blanches et rondes, pour les tenailles, les clés anglaises, la rouille et les anneaux. » (Photographie et légende de La Voix du Nord)

En 1980, une rénovation de la partie automatique du carillon par la maison Clock-O-Matic a été exécutée.

La tringlerie de la partie manuelle du carillon a été rénovée en juin 1978 par l’entreprise belge Clock-O-Matic à l’occasion du congrès national de la Guilde des carillonneurs à Seclin le 6 août.

En 1979, montage de nouveaux moteurs pour les 4 cloches de volée.

En 1983, une nouvelle roue a été posée au bourdon.

En 2004, à la suite d’une manœuvre malencontreuse, il faut réparer 65 taquets du tambour. La Ville avance 1283 euros, notre association participe au financement pour 1280 euros, une subvention du Ministère de la Culture de 4500 euros a été obtenue ainsi qu’une somme versée par le député de la 5e circonscription, Sébastien Huyghe, sur sa réserve parlementaire. On en profite pour réparer la plus grosse cloche dont le joug se détériore, remplacer un moteur et des chaînes.

Et maintenant …

Le carillon reçoit régulièrement les soins de l’entreprise Paschal art campanaire dont le siège est à Wimereux (Pas de Calais), quand par exemple un battant menace de se détacher, mais les bénévoles de notre association ont aussi volontiers apporté leur concours pour veiller à son bon état. Ainsi, en 2006, André Warembourg et Louis Dehaies ont profité de la dépose de « Marie » dont il fallait refaire le battant, pour passer des produits protecteurs sur le joug de bois et de la peinture antirouille sur les parties métalliques. L’association a participé financièrement à la réparation de la cloche. L’association appelle régulièrement au renouvellement de ses membres par de plus jeunes recrues pour continuer l’entretien du carillon car les métaux s’oxydent, les bois supportent mal humidité, grands froids et fortes chaleurs, sans compter les dégâts des pigeons qui, malgré les filets posés sur les abat-son, arrivent à s’introduire dans le clocher, mais n’en trouvent plus la sortie !

Photos et légende La Voix du Nord du11 décembre 2006

Notre carillon prend de l’âge et ses éléments s’en ressentent ; et nos bénévoles s’essoufflent mais restent vigilants…

Les 80 ans du carillon en 2013

« Le carillon britannique de 42 cloches de la Collégiale Saint-Piat a fêté en grande pompe ses 80 ans. Sous la houlette de Jean-Francis Mulier, maître-carillonneur de la Collégiale et Seclinois de naissance comme de cœur, le Congrès de la Guilde des Carillonneurs de France s’est tenu à Seclin du 10 au 12 mai. Étaient également présents les carillonneurs d’Erfurt et d’Apolda, ville allemande spécialiste de la fabrication de cloches, avec laquelle Seclin est jumelée depuis 50 ans. …/… Une cinquantaine de carillonneurs – et carillonneuses –avaient fait le déplacement de partout en France pour célébrer les 80 ans de notre carillon et pour entretenir le dynamisme de l’art campanaire. Le maire a souhaité que le carillon de Seclin puisse encore résonner longtemps grâce à Jean-Francis Mulier et à la relève qui est en train de se former …/… Le week-end de fête s’est poursuivi, pour le plus grand plaisir des Seclinois et des badauds du centre-ville, par des concerts exceptionnels. Rendez-vous est d’ores et déjà donné à Seclin en 2023 pour les 90 ans du carillon de Saint-Piat ! » (site de la Ville 2013)

Le carillon restauré pour ses 90 ans

Il a eu besoin de soins importants et d’un bon rajeunissement pour fêter cet anniversaire. Déjà, lors de notre Conseil d’Administration du 8 juin 2021, notre association avait appelé l’attention de M. le Maire sur les travaux à réaliser sur le tambour des ritournelles, celui-ci avait proposé que notre présidente sollicite un devis de l’entreprise Paschal art campanaire. Le premier devis, établi en janvier 2022 s’élevait à 19 753 euros. La Ville avait demandé sans succès la participation de la Direction régionale des affaires culturelles (D.R.A.C.). En revanche, la Métropole Européenne de Lille (MEL) reconnaissait l’intérêt patrimonial de notre carillon et avait accepté de participer au financement des travaux à hauteur de 50 %. Ceux-ci ont commencé en mars 2023 sur le tambour automatique qu’il a fallu démonter. Mais un nouvel examen de l’ensemble a fait ressortir l’urgence de remplacer la poutre support des cloches faisant office de beffroi du carillon, et de procéder au remplacement des pièces usées par un long service sur le clavier et les cloches ainsi qu’à leur réglage. Pour rendre une nouvelle jeunesse au carillon le coût des travaux a finalement atteint 74 000 euros. Afin de réunir cette somme, la Ville a signé un partenariat avec la Fondation du Patrimoine auquel nous avons été associés. Par ailleurs, des mécènes ont été invités à apporter leur concours. Enfin, en mai, le tambour a réintégré le clocher, et les travaux ont pu être achevés. Nous nous sommes réjouis de cette heureuse issue. 

La célébration du 90ème anniversaire du carillon, organisée par la Ville et la Guilde des Carillonneurs de France, s’est déroulée le 23 septembre 2023.

Ont apporté leur concours les carillonneurs, Thomas ROELAND, l’actuel titulaire de Seclin, Alfred LESECQ (Coudekerque-Branche, Dunkerque), Jacques MARTEL (Bergues), Pierre Marie DELEERSNYDER (Tourcoing), Annick MILBRANDT (Douai) et Michel DERVAUX (Douai).

Par ailleurs, un hommage a été rendu à trois carillonneurs qui ont marqué notre espace campanaire :
– Maurice LANNOY (1899-1958), carillonneur de Saint-Amand-les-Eaux, conseiller des promoteurs du carillon seclinois, qui donna le premier concert le 11 novembre 1933 ;
– Jacques LANNOY (1931-2022), carillonneur de Douai, président fondateur de la Guilde, qui vint maintes fois à Seclin ;
– Jean-Baptiste MULIER (1912-1995), titulaire de Seclin en 1961, qui œuvra au rayonnement de l’instrument seclinois.


Il faut aussi rappeler que notre carillon a été la vedette de nombreuses émissions de radio et de télévision. Ses mélodies ont été enregistrées sur disque en 1982 ; elles font maintenant l’objet de vidéos visibles sur internet. Des concerts fort appréciés étaient donnés tous les lundis matins et les jours de fête du haut du clocher et ne le sont plus, hélas. Un nouveau carillonneur a été nommé. Il se nomme Thomas Roeland, n’est pas seclinois mais participe aux visites du carillon organisées par l’Office de Tourisme Seclin Mélantois. Nous lui souhaitons longue carrière et fidélité à notre clocher ! Et autant de passion que Messieurs Mulier père et fils, qui furent tous deux présidents de la Guilde des Carillonneurs de France, pour l’animer et le promouvoir.

Messieurs Mulier, père et fils, au carillon

Des visites du carillon sont parfois organisées par l’Office de Tourisme Seclin Mélantois. Si l’on ne craint pas l’ascension d’escaliers assez périlleux, (165 marches) la visite en est fort intéressante… (Se renseigner auprès de l’O.T. L’inscription est obligatoire. ( Seclin Mélantois Tourisme, 70, rue Roger-Bouvry à Seclin. Tel : 09.72.52.85.03. Mail : contact@seclintourisme.fr )

En cliquant sur ce lien (CTRL+clic) vous pouvez voir le carillon et entendre M. Jean-Francis Mulier y jouer : https://www.youtube.com/watch?v=oLgP0uUCfp0 © O.T. Seclin

D’autres vidéos du carillon en action sont visibles sur le site « Le carillonneur du Nord ».Vous pouvez y entendre Thomas Roeland
au clavier.
https://www.youtube.com/watch?v=tEYRR2dcs20 https://www.youtube.com/watch?v=JpgHaYGhCVs

Et vous en trouverez encore d’autres en faisant la recherche : carillon de Seclin.

« Le carillon dans une ville, disait Jean-Baptiste Mulier, c’est un peu son âme, c’est la harpe du ciel. »

Nota : dans les numéros 6 à 12 de notre bulletin « Collegial’info », les articles de Jean-Francis Mulier sur le carillon ont servi pour l’élaboration de cette notice.

Thomas Roeland, nouveau carillonneur, au pied de l’escalier du clocher,
le 27 juillet 2019 (site de la Ville de Seclin)

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Le carillon de l’hospice (ancien hôpital Notre-Dame)

Cette histoire serait incomplète s’il n’était pas mentionné ici que le riche patrimoine campanaire de la ville comporte un deuxième carillon, installé au Second Empire dans la tour nord de l’hôpital Notre- Dame, créé au treizième siècle par la comtesse Marguerite de Flandre, petit « quadrillon » de quatre cloches, fondu en 1618 par Dominique Fiévet, avec horloge à balancier et contre poids d’origine, qui complétait de ses notes cristallines le prestigieux carillon de notre clocher. (Photos consultables sur le site https://www.pop.culture.gouv.fr/) . (D’après le Dictionnaire des fondeurs de cloches de Belgique, les Fiévet étaient des fondeurs de cloches de Lille).

Les bâtiments de l’ancien hôpital appartiennent désormais à des promoteurs immobiliers qui les transforment en appartements. Des engagements ont été pris par ceux-ci pour que la chapelle, la salle des malades et certains locaux utilisés par les sœurs restent ouverts au public et aux fidèles. Espérons qu’ils auront à cœur de préserver aussi ce petit trésor.

Janine Béghin


Texte aimablement relu par M. Jean-Francis Mulier, carillonneur

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En octobre 2022, j’ai appris avec beaucoup de tristesse et d’amertume que le carillon de l’hôpital Notre-Dame a été volé en 2021 sur le chantier mal protégé. Le contrepoids a pu être récupéré sur le bord du canal, mais les quatre cloches se sont envolées. Désolant !… Plainte a été déposée évidemment.

Janine Béghin

1 Guillaume Lassonnière, archéologue, relevés et plans Jérôme Tellier in Archéologie en Nord Picardie. Les débuts du christianisme à Seclin. Publication D.R.A.C. 2013

2 Karl Bouche, Journal des journées du Patrimoine de Seclin 2004

3 Jean Francis Mulier, notice sur le carillon

4 Jean-Francis Mulier notice sur le carillon

5 Jean-Francis Mulier notice sur le carillon

6 Source : Jean-Francis Mulier